jeudi 21 octobre 2010

Livre Cercle de Février

Livre proposé et présenté par Chantal le 9 Février, 2011 chez Carole

Auteur: Henning Mankell
Traduction: Anna Gibson
Editeur: Points
ISBN: 2757808001

mercredi 20 octobre 2010

Imago Mundi

Vers 1583 paraît la première édition
imprimée (gravée sur bois) à Louvain.
Voilà comment Patrick Gautier Dalché 
directeur de recherche (Centre national de la recherche scientifique)  et
directeur d’études à l’École pratique des hautes études décrit l'oeuvre Imago Mundi.

Les derniers mots du manuscrit original copié sous la direction de son auteur (Cambrai, Bibl. mun. 927) indiquent la date d’achèvement de l’Imago mundi. C’est dans sa résidence épiscopale de Cambrai que Pierre d’Ailly composa ce copieux traité de cosmographie et de géographie.

Pierre d’Ailly avait d’abord fréquenté la faculté des arts, où l’on étudiait les sciences, avant de les enseigner lui-même au collège de Navarre une fois devenu maître ès-arts – on conserve d’ailleurs certains de ses cours, notamment en astronomie. Dès ses études de théologie, ses vastes connaissances et son éloquence le firent rapidement connaître et assurèrent sa célébrité. En des temps troublés par le schisme d’Occident et par des conflits sanglants au plus haut niveau de l’État à la suite de la folie du roi Charles VI, il joua un rôle prépondérant dans des débats théologiques où les oppositions politiques avaient leur part, s’attirant ainsi l’hostilité du duc de Bourgogne qui chercha à empêcher son installation à Cambrai. Après le concile de Pise, les tensions se relâchèrent un peu et, une fois vaincue l’opposition du duc, il disposa du loisir nécessaire pour satisfaire la dévorante curiosité intellectuelle dont il avait déjà donné maints exemples. Pour quelles raisons le théologien s’intéressait-il alors à des questions qui, d’ordinaire, étaient plutôt le propre des philosophes ?

À première vue, malgré la clarté d’exposition qui est le propre des œuvres de Pierre d’Ailly, l’Imago mundi ne contient rien d’exceptionnel. Le but didactique est affirmé d’emblée par la présence en ouverture de schémas des cieux et de la terre. Le traité aborde ensuite les sphères célestes, étoiles et planètes, les zones climatiques terrestres, les régions habitables et inhabitables. Puis il décrit les trois parties de la terre habitée, les îles, les mers et les fleuves. Les deux disciplines de la cosmographie et de la géographie sont reliées par la notion d’origine grecque de climata, façon d’exprimer la latitude et de diviser la terre habitée de l’équateur vers le pôle selon la durée variable du jour le plus long de l’année.

Tant dans ses exposés théoriques que dans ses descriptions, Pierre d’Ailly offre, suivant les habitudes universitaires, une compilation des opinions de ses prédécesseurs qu’il cite le plus souvent textuellement. Ses sources essentielles sont le Traité de la sphère de Jean de Sacrobosco (milieu du XIIIe siècle), manuel de base de l’enseignement de l’astronomie planétaire, l’Opus majus de Roger Bacon (fin du XIIIe siècle) et le Traité de l’espère de Nicolas Oresme (milieu du XIVe siècle). Pour la géographie descriptive, il utilise, outre Bacon, des encyclopédies et des textes géographiques datant aussi bien de l’Antiquité tardive que du haut Moyen Âge.

Ces sources – loin d’être toutes identifiées – révèlent l’étendue de ses lectures. L’Imago mundi a pourtant été jugée fort sévèrement par les historiens. On n’a voulu y voir qu’un matériel obsolète et dépassé n’apportant presque rien de nouveau par rapport aux géographes antiques. Le savoir qu’elle transmet, généralement taxé de livresque, serait coupé d’une « réalité géographique » que l’expérience seule aurait pu faire connaître – elle était d’ailleurs disponible, puisque des voyageurs avaient récemment ouvert les espaces asiatiques à la conscience occidentale. En un mot, cette somme témoignerait d’une désolante paresse intellectuelle caractéristique de l’université médiévale. Un florilège de ces opinions toujours vivantes aboutit à donner l’impression d’une grave régression… Au mieux, on crédite l’auteur d’avoir réalisé une sorte d’encyclopédie des connaissances « médiévales » sur la terre.

copie emportée par Christophe Colomb
dans son voyage vers les "Indes"
Aux yeux d’historiens attachés à imaginer des « précurseurs » des Découvertes, une seule chose sauva l’évêque de Cambrai : Christophe Colomb, lisant son œuvre dans l’édition parue à Louvain vers 1480, y aurait découvert ou reconnu son intuition de la possibilité de gagner les « Indes » en naviguant vers l’ouest. L’Imago mundi citait en effet, par l’intermédiaire de Roger Bacon, l’idée exprimée par Aristote d’un océan relativement peu étendu situé entre Europe et Asie, rendant ainsi concevable un voyage maritime. Il est certain que Colomb reproduisit cet avis dans ses écrits en soulignant l’autorité que lui conférait le « cardinal de Cambrai ». Mais ce n’était qu’une opinion parmi bien d’autres qui toutes concouraient à assurer la possibilité conceptuelle du voyage vers l’ouest.

L’intérêt et l’importance de l’Imago mundi ne résident ni dans ces jugements anachroniques, ni dans ces traits anecdotiques. En réalité, elle a pour but de justifier une vision du monde et de l’histoire humaine marquée par l’astrologie. Quelques années après l’avoir achevée, en 1414-1415, Pierre d’Ailly écrivit en effet une série de traités justifiant la valeur explicative de l’astrologie, et il joignit l’Imago mundi à ce corpus. « Theologia naturalis », l’astrologie permet, selon lui, de comprendre l’action divine qui s’exerce sur l’humanité. Dans un programme rendu urgent par la crainte de la fin des temps, la description rigoureuse du monde terrestre considéré dans ses rapports avec les sphères célestes complète la validation théorique de l’astrologie.

Il n’est donc pas étonnant que, quelques années plus tard, Pierre d’Ailly ait été l’un des tout premiers savants à examiner la Géographie de Ptolémée récemment traduite en latin à Florence, en s’interrogeant dans un Compendium cosmographiae à tort négligé sur la compatibilité de l’image ptoléméenne avec celle des auteurs reçus, et en cherchant à comprendre techniquement les nouveaux modes de représentation de l’espace qui en ressortaient. Il s’est ainsi livré à un très minutieux travail de comparaison et d’analyse, afin de mieux fonder sur des coordonnées géographiques plus nombreuses et plus sûres ce rapport entre choses célestes et terrestres qui était pour lui, comme pour la plupart de ses contemporains, la condition fondamentale du destin de l’humanité voulu par Dieu.

Examinée sous cet angle, selon les vues de son auteur, l’Imago mundi est un excellent révélateur de la vision du monde complexe des hommes de la fin du Moyen Âge et du début des Temps modernes.




lundi 11 octobre 2010

A méditer...

Le linguiste nord-américain Noam Chomsky a élaboré une liste des « Dix Stratégies de Manipulation » à travers les média. Je la reproduis ici. Elle détaille l'éventail, depuis la stratégie de la distraction, en passant par la stratégie de la dégradation jusqu'à maintenir le public dans l'ignorance et la médiocrité...ça donne des frissons dans le dos...c'est une réalité mais je me pose la question: la "masse" n'a-t-elle pas ce besoin vital d'être manipulée afin d'exister en tant que "masse"? l'individualité a ses limites...


(Pour en savoir plus sur ce linguiste: http://www.chomsky.info/)



1/ La stratégie de la distraction
Élément primordial du contrôle social, la stratégie de la diversion consiste à détourner l’attention du public des problèmes importants et des mutations décidées par les élites politiques et économiques, grâce à un déluge continuel de distractions et d’informations insignifiantes. La stratégie de la diversion est également indispensable pour empêcher le public de s’intéresser aux connaissances essentielles, dans les domaines de la science, de l’économie, de la psychologie, de la neurobiologie, et de la cybernétique. « Garder l’attention du public distraite, loin des véritables problèmes sociaux, captivée par des sujets sans importance réelle. Garder le public occupé, occupé, occupé, sans aucun temps pour penser; de retour à la ferme avec les autres animaux. » Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles »

2/ Créer des problèmes, puis offrir des solutions
Cette méthode est aussi appelée « problème-réaction-solution ». On crée d’abord un problème, une « situation » prévue pour susciter une certaine réaction du public, afin que celui-ci soit lui-même demandeur des mesures qu’on souhaite lui faire accepter. Par exemple: laisser se développer la violence urbaine, ou organiser des attentats sanglants, afin que le public soit demandeur de lois sécuritaires au détriment de la liberté. Ou encore : créer une crise économique pour faire accepter comme un mal nécessaire le recul des droits sociaux et le démantèlement des services publics.

3/ La stratégie de la dégradation
Pour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de l’appliquer progressivement, en « dégradé », sur une durée de 10 ans. C’est de cette façon que des conditions socio-économiques radicalement nouvelles (néolibéralisme) ont été imposées durant les années 1980 à 1990. Chômage massif, précarité, flexibilité, délocalisations, salaires n’assurant plus un revenu décent, autant de changements qui auraient provoqué une révolution s’ils avaient été appliqués brutalement.

4/ La stratégie du différé
Une autre façon de faire accepter une décision impopulaire est de la présenter comme « douloureuse mais nécessaire », en obtenant l’accord du public dans le présent pour une application dans le futur. Il est toujours plus facile d’accepter un sacrifice futur qu’un sacrifice immédiat. D’abord parce que l’effort n’est pas à fournir tout de suite. Ensuite parce que le public a toujours tendance à espérer naïvement que « tout ira mieux demain » et que le sacrifice demandé pourra être évité. Enfin, cela laisse du temps au public pour s’habituer à l’idée du changement et l’accepter avec résignation lorsque le moment sera venu.

5/ S’adresser au public comme à des enfants en bas-âge
La plupart des publicités destinées au grand-public utilisent un discours, des arguments, des personnages, et un ton particulièrement infantilisants, souvent proche du débilitant, comme si le spectateur était un enfant en bas-age ou un handicapé mental. Plus on cherchera à tromper le spectateur, plus on adoptera un ton infantilisant. Pourquoi ? « Si on s’adresse à une personne comme si elle était âgée de 12 ans, alors, en raison de la suggestibilité, elle aura, avec une certaine probabilité, une réponse ou une réaction aussi dénuée de sens critique que celles d’une personne de 12 ans ». Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles »

6/ Faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion
Faire appel à l’émotionnel est une technique classique pour court-circuiter l’analyse rationnelle, et donc le sens critique des individus. De plus, l’utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrir la porte d’accès à l’inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions, ou des comportements…

7/ Maintenir le public dans l’ignorance et la bêtise
Faire en sorte que le public soit incapable de comprendre les technologies et les méthodes utilisées pour son contrôle et son esclavage. « La qualité de l’éducation donnée aux classes inférieures doit être la plus pauvre, de telle sorte que le fossé de l’ignorance qui isole les classes inférieures des classes supérieures soit et demeure incompréhensible par les classes inférieures. Extrait de "Armes silencieuses pour guerres tranquilles"

8/ Encourager le public à se complaire dans la médiocrité
Encourager le public à trouver « cool » le fait d’être bête, vulgaire, et inculte…

9/ Remplacer la révolte par la culpabilité
Faire croire à l’individu qu’il est seul responsable de son malheur, à cause de l’insuffisance de son intelligence, de ses capacités, ou de ses efforts. Ainsi, au lieu de se révolter contre le système économique, l’individu s’auto-dévalue et culpabilise, ce qui engendre un état dépressif dont l’un des effets est l’inhibition de l’action. Et sans action, pas de révolution!…

10/ Connaître les individus mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes
Au cours des 50 dernières années, les progrès fulgurants de la science ont creusé un fossé croissant entre les connaissances du public et celles détenues et utilisées par les élites dirigeantes. Grâce à la biologie, la neurobiologie, et la psychologie appliquée, le « système » est parvenu à une connaissance avancée de l’être humain, à la fois physiquement et psychologiquement. Le système en est arrivé à mieux connaître l’individu moyen que celui-ci ne se connaît lui-même. Cela signifie que dans la majorité des cas, le système détient un plus grand contrôle et un plus grand pouvoir sur les individus que les individus eux-mêmes.

vendredi 8 octobre 2010

Article sur Llosa dans le Nouvel Obs

http://bibliobs.nouvelobs.com/20101007/21707/vargas-llosa-le-nobel-inattendu-0

Prix Nobel...on est toutes fans!!!!

Article paru dans courrier international

"MARIO VARGAS LLOSA REÇOIT LE PRIX NOBEL DE LITTÉRATURE
Le prix Nobel de littérature 2010 a été décerné le 7 octobre au romancier et essayiste Mario Vargas Llosa, récompensé "pour sa cartographie des structures du pouvoir et ses représentations incisives de la résistance, de la révolte et de la défaite de l'individu". Cet auteur natif du sud du Pérou est le premier écrivain latino-américain couronné par le Nobel de littérature depuis son attribution au Mexicain Octavio Paz en 1990. "Le seul Péruvien à avoir gagné le Nobel : voici un titre qu'il va probablement garder un bon moment. Pour la majorité de la population péruvienne, la littérature commence et meurt avec lui", écrit le quotidien de Lima en retraçant la vie de cet auteur qui possède également la nationalité espagnole."

l'Absolue perfection du crime

Vous aimez les films de gangsters à la Jean Gabin? Laissez vous transporter par ce court roman, intéressant mélange de "Il Padrino" et "Braquage à l'Italienne"...une agréable pose entre deux lectures plus sérieuses!

mardi 5 octobre 2010

nouveautés

J'ai inséré sur la colonne de droite la liste des libellés, elle est utile quand on cherche un article en particulier.
Juste en dessous des "messages consultés" vous trouverez un logo ShinyStat, c'est un outil de statistiques assez ludique, l'on peut y voir le nombre de visite à notre blog et d'où elle nous viennent!!! Il suffit de cliquer sur le logo (login: casacercle, mot de passe: livres).

lundi 4 octobre 2010

Un sublime exemple dans l'art de manipuler l'être humain...une descente aux enfers suivi d'un fort message d'espoir et de résilience...à lire!!! 

vendredi 1 octobre 2010

Le chuchoteur et autres

Je viens grossir les rangs des accros au "Chuchoteur" ! Très prenant. Moins séduisant, le dernier Philippe Claudel ("L'enquête"), très attendu à la rentrée littéraire : je n'ai rien compris et ne suis absolument pas parvenue à entrer dans l'intrigue. Les avis autour de moi, notamment ceux des libraires, sont quasi unanimes : les lecteurs sont décontenancés. Tout au long du livre, j'ai eu l'impression que Claudel écrivait du mauvais Nothomb. Sinon, Gisèle Fournier vient de sortir un très beau roman, comme à son habitude : "Le dernier mot". Une même histoire est racontée par deux femmes, offrant ainsi deux points de vue très différents mais toujours très émouvants. A lire.